dessin avion

Historique

L’histoire de l’aéro-club de l’Ardèche

L'Aéro-Club de l'Ardèche fut créé avant la guerre de 1939-1945, à Aubenas. Il regroupait des passionnés de la région Aubenas-Vals qui entendaient bien pratiquer sur place leur sport favori. Les données que l'on possède proviennent du registre de comptes-rendus d'assemblées de l'époque, ouvert en 1934. Les pilotes pouvaient s'entraîner à Montélimar, effectuer des vols en planeur depuis la Côte de ville… mais il était nécessaire de créer une piste si le Club voulait être autonome. La solution venait d'être trouvée sous la forme d'un joli pré à Saint-Etienne-de-Fontbellon et les dirigeants d'alors se mirent en quête de subventions et d'aides pour acquérir cette plate forme. Las ! la déclaration de guerre mit fin à ce projet.

Après l'armistice, tant de choses avaient changé que le profond sommeil de l'Aéro-Club de l'Ardèche s'éternisait malgré quelques velléités des uns ou des autres. C'est ainsi que l'on a pu lire dans un numéro de “Les Ailes” du 5 janvier 1952 un entrefilet : “ M. Léon Bizet à Ruoms (Ardèche) nous confirme son intention de créer un aéro-club et un terrain dans la région de Vals-Aubenas. Il serait heureux d'entrer en contact avec ceux que cette idée intéresserait. Lui écrire à l'adresse ci-dessus.”. Deux ans plus tard, au printemps 1954 et Pâques approchant, l'émulation habituelle entre Ruomsois et Vallonais pour l'organisation des fêtes prenait corps. Le directeur des Brasseries de Ruoms, Raymond Yvan, ancien de l'Armée de l'Air, envisagea l'animation d'une journée en proposant aux participants des baptêmes de l'air… Avant la guerre, M. Salomon avait bien posé un avion dans le pré situé à l'ouest du château. Après visite des lieux, il fallut se rendre à l'évidence : le pré était en pente et coupé par un ruisseau ! Y avait-il une autre solution ? C'est alors que le maire de Labeaume, Charles Isaac-Tourre (plus jeune maire de France à l'époque) proposa un emplacement en amont du confluent de Beaume et d'Ardèche. La plus grande partie de ce terrain était sa propriété, et la végétation arbustive servait principalement à se fournir en “cades”.

La création du premier terrain d'aviation établi en Ardèche était lancée et allait s'achever rapidement. Artisans, commerçants et élus, avec l'appui des Brasseries de Ruoms, étaient prêts à s'investir, et les travaux commencèrent aussitôt : un bulldozer fut mis en oeuvre pendant la semaine… et même tout le week-end. Un rouleau égalisa la piste et de vieux pneus peints en blanc firent office de balisage. Les avions de Montélimar pouvaient atterrir sur les cinq cent mètres dégagés : la fête allait commencer, avec les baptêmes de l'air.

Ce fut un retentissant succès !

Ainsi une piste utilisable était née, mais son existence officielle était aléatoire. Devait-on l'oublier et laisser les cades re-envahir ce promontoire entre Ardèche et Beaume ? Bien sûr que non ! Les “anciens” de l'Aéro-Club de l'Ardèche de 1936 et les “défricheurs” de Ruoms et de sa région s'étaient rencontrés à l'occasion des fêtes, et la décision fut bientôt prise de provoquer une réunion préparatoire à la Chambre de Commerce d'Aubenas (installée à cette époque dans le Château des Montlaur). Un nouveau départ était donné, avec cette fois l'atout majeur d'un terrain existant, et, on le verra plus loin, bien des circonstances favorables !

Parrainé comme en 1934 par l'Aéro-Club de Montélimar, l'Aéro-Club de l'Ardèche fit appel au moniteur Viossat et à son Jodel D112 F-PERT (qui vole encore ailleurs !) pour l'école de pilotage. Les lâchers, comme les brevets, se passaient à Montélimar, la piste de Ruoms étant un peu courte…

Malgré les aléas de la météo qui empêchaient M. Viossat de décoller de la vallée du Rhône ou d'atterrir à Ruoms, l'activité du club était à l'image de l'enthousiasme des pionniers. Le, puis les premiers avions furent achetés (toujours des Jodel 112), un hangar construit, le club-house consistant en un stand des Bières de Ruoms de quatre mètres carrés où se déroulaient le dimanche matin de savoureux casse-croûte. Il faut dire qu'à l'époque les élèves étaient sur place dès sept heures du matin car il y avait toujours à faire : épierrage de la piste, balisage, enterrer la cuve pour le carburant, amener l'électricité au hangar, creuser (vainement) un puits jusqu'à 8 m de profondeur en dessous du niveau des deux rivières enserrant la piste, etc. Enfin, un club-house fut édifié et le nombre de membres s'accrut, leur habitat allant de Privas à Alès, et du plateau à Bourg-Saint-Andéol.

On n'avait pas trouvé d'eau au puits… Alors l'eau vint à nous en septembre 1958 lors de la crue qui ravagea le Haut-Gard. La Beaume envahit la piste et la rendit inutilisable. Mobilier, matériels et archives entreposés au club-house furent détruits, et un pan de mur du hangar s'effondra sur l'aile d'un Jodel. L'autre avion qui se trouvait démonté partit au fil de l'eau tout comme la citerne destinée au carburant. Pratiquement tout était anéanti, mais personne ne baissa les bras. La solidarité aéronautique fut remarquable et nous permit de redémarrer rapidement et d'allonger la piste à 650 m.

Nous étions subventionnés par la Chambre de Commerce d'Aubenas-Privas-Largentière, par Ruoms, Labeaume et bien d'autres communes de Basse-Ardèche. De plus, en ces années cinquante et un peu au-delà, des primes à l'achat d'avions de fabrication française réduisaient leurs coûts, l'essence aviation était détaxée, les clubs touchaient une prime au cheval-heure en fonction des heures de vol effectuées, le Service de la Formation Aérienne attribuait des hangars, et les réservistes de l'Armée de l'Air bénéficiaient d'heures d'entraînement gratuites (les vétérans d'autres armes se faisaient volontiers muter dans les réserves de l'Air !). En participant avec la commune de Labeaume à un Gala où se produisaient les Compagnons de la Chanson, en organisant des meetings aériens, les finances prospéraient et l'essor du Club avec.

Et puis d'autres terrains furent créés dans la région : Pierrelatte, Pont-Saint-Esprit, Visan, Champclauzon, Alès-Deaux, Aubenas-Vals-Lanas… La création de ce dernier aérodrome nous fit nous asseoir un certain temps entre deux chaises : en effet, la Chambre de Commerce nous avait demandé d'animer ce terrain où nous devions disposer d'une salle club. En réalité, nous nous sommes heurtés dès le départ à l'hostilité d'une Société de travail aérien, et avons vite compris que nous étions bien mieux chez nous. Une autre conséquence de la création de Lanas fut que notre terrain qui était ouvert à la circulation aérienne publique (malgré la présence au sud de la piste d'une ligne à moyenne tension) devint soudain à usage restreint malgré un allongement de la bande à 830 m et la suppression de la ligne électrique. Cette restriction n'a d'ailleurs jamais empêché les “étrangers” de fréquenter notre site.

De nouveaux avions ont remplacé les anciens Jodel, M. Viossat a laissé la place à de nouveaux moniteurs, et si des membres nous quittent, de jeunes recrues comblent les vides. Et l'Aéro-Club de l'Ardèche continue à prospérer… ayant même eu un permanent (au pair) qui avait l'œil sur les installations et les avions de passage.

Mais 1982 allait apporter son lot de soucis. Le Rallye utilisé pour l'école de pilotage était alors entretenu à Champclauzon et, une nuit où il se trouvait au parking, des inconnus y ont mis le feu. Ce n'était hélas qu'un début puisque dans la nuit du 11 au 12 novembre nos quatre appareils (un Rallye, un Fournier RF6, deux Robin DR400) étaient incendiés dans les hangars. L'enquête sur cet attentat n'a jamais abouti.

L'Aéro-Club de l'Ardèche a donc aujourd'hui une solide expérience des avatars qui peuvent entraver la vie d'une association. A tel point d'ailleurs que les effets des inondations de 1992 qui ont ravagé terrain et club-house ont été effacés en deux mois. C'est aujourd'hui un club fort de soixante-dix membres, doté de cinq avions en parfait état, qui utilise les compétences de deux moniteurs dévoués qui forment de nombreux jeunes pilotes. En outre d'autres adolescents reçoivent une formation pour se présenter au Brevet d'Initiation Aéronautique qui leur permettra de bénéficier d'aides financières pour l'école de pilotage. En contrat avec le Service d'Incendie et de Secours, plusieurs pilotes-pompiers assurent la surveillance des feux de forêts en périodes de risques. Enfin nous contribuons à l'animation touristique en proposant aux vacanciers le survol des Gorges de l'Ardèche.

Notre club vit allègrement ses soixante-dix ans d'existence et a fêté le cinquantenaire de l'aérodrome de Ruoms-Labeaume en juin 2004.

 

Inauguration du terrain le 12 septembre 1954

Le terrain de Ruoms Labeaume fut inauguré le 12 septembre 1954 sous la présidence de M. le Préfet de l’Ardèche, des parlementaires du département, des autorités locales et régionales et sous le patronage du dauphiné Libéré et des Brasseries de Ruoms.


Les péripéties du Club

En 50 ans l'Aéro-Club de l'Ardèche a connu bien des vicissitudes, dont certaines auraient pu l'anéantir. Mais le dévouement des dirigeants et des membres, dévouement guidé essentiellement par l'amour du pilotage, a permis à chaque fois de redécoller avec foi vers des jours meilleurs. Quatre évènements restent bien présents dans...